Musée Apyãwa (Tapirapé)

Réalisé à la demande et en collaboration avec les Apyãwa du Mato Grosso, ce travail muséologique et anthropologique trouverait sa légitimité dans la puissante dynamique de « fabrication de patrimoine » ou « patrimonialisation », qui anime les sociétés des Basses Terres d’Amérique du Sud depuis quelques années. Ce mouvement culturel indigène a pris naissance suite à l’adoption en 2003 de la Convention de l’Unesco garantissant la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de toute communauté humaine à travers le monde, qu’il soit sous forme de traditions, d’expressions orales, de danses, de chants, de rituels, ou d’autres pratiques sociales.

En Amazonie et ailleurs, ce mouvement culturel est venu renforcer une dynamique plus ancienne de revendication identitaire et de défense des droits indigènes.

Cette prise en charge patrimoniale des cultures s’est imposée à des sociétés qui avaient développé d’autres manières de construire leur mémoire et de tisser le lien entre les générations. D’une façon générale, les sociétés indigènes amazoniennes s’inscrivent dans d’autres régimes d’historicité que les sociétés occidentales. Elles n’affichent pas un grand intérêt pour le passé, n’ont pas le goût des généalogies et n’attachent pas une grande importance sociale ou politique à la transmission d’une mémoire collective. La multiplication des opérations de patrimonialisation que l’on observe aujourd’hui dans ces sociétés peut sans doute être comprise comme une conséquence des transformations culturelles qu’elles connaissent, notamment à travers l’éducation scolaire, et plus généralement de l’acquisition de nouveaux schèmes culturels empruntés à l’Occident.

Cette production de patrimoine s’opère nécessairement dans l’interaction entre les acteurs indigènes (les communautés et leurs représentants), les institutions qui valident le statut patrimonial (Etats, Unesco, entre autres) et un ensemble de médiateurs occidentaux intervenant localement, tels que les muséologues, les cinéastes, les chercheurs.

 

Objectifs

Les Apyãwa ont entrepris depuis des années, un travail d’études ethnographiques de leur culture. Ces recherches s’effectuent dans le cadre de la formation de professeurs indigènes destinés à intégrer l’équipe de professeurs des écoles présente dans les différents villages situés sur l’ensemble du territoire tapirapé.

Les futurs professeurs enquêtent sur les savoirs et les connaissances des anciens pour rédiger leurs travaux.

Les Apyãwa désirent créer un musée dans le village de Tapi’itãwa, principal village dans le lequel se dresse la takarã – maison des hommes – dont la présence est indispensable pour effectuer le cycle cérémoniel.

L’objectif est multiple : créer un centre de conservation des documents écrits, sonores et visuels, valoriser le patrimoine culturel (ornements, masques, vanneries, objets usuels) et accueillir les élèves pour l’apprentissage des chants et des récits mythiques ainsi que des ateliers d’apprentissage de l’artisanat

Le Musée Apyãwa se fera avec l’étroite collaboration de la communauté Apyãwa qui doit s’interroger sur les dispositifs mis en œuvre dans cette dynamique culturelle : comment se construit la notion de « patrimoine » au sein d’un système conceptuel traditionnel ; comment s’opère le choix des éléments culturels qui seront désormais « donnés à voir et à entendre » dans de nouvelles formes de transmission interne et de mise en scène vers l’extérieur ; quels sont les nouveaux acteurs indigènes mis en avant dans ces processus interculturels ; de quelle manière le patrimoine culturel peut être utilisé pour conforter une identité collective et la faire connaître sur des scènes sociales et politiques.

 

 

 

     Les Apyãwa (Tapirapé)                               Projet architectural                      Participer et soutenir le musée